Hausse des défaillances d’entreprises en France pour le 3ème trimestre 2024

Résumé de l’article :

  • Hausse des défaillances : Le nombre de défaillances d’entreprises a augmenté de 20,1 % par rapport à la même période en 2023, atteignant 13 429 entreprises.
  • Secteurs en difficulté : Les très petites entreprises (TPE) de moins de cinq salariés sont les plus touchées, représentant 86 % des défaillances. Les PME de moins de cinquante salariés montrent une meilleure résistance.
  • Types de procédures : Les redressements judiciaires ont augmenté de 34,5 %, tandis que les liquidations judiciaires ont augmenté de 15,6 %.
  • Impact sur l’emploi : Près de 52 000 emplois sont menacés, avec une augmentation notable des défaillances chez les PME-ETI.
  • Secteurs en amélioration : Le commerce de détail alimentaire et les services à la personne montrent des signes de reprise, malgré un contexte économique difficile.
  • Disparités sectorielles : Le B2C se redresse progressivement, tandis que le B2B, notamment dans les transports et le commerce de gros, reste en difficulté.

En résumé, bien que certaines améliorations soient observées dans des secteurs spécifiques, la situation globale des défaillances d’entreprises reste préoccupante, avec un impact significatif sur l’emploi et les petites structures.

Détail de l’article :

Défaillances d’entreprises : une hausse de 20% au 3ème trimestre

 mardi 15 octobre 2024

Le groupe Altares dévoile les chiffres des défaillances d’entreprises en France pour le 3ème trimestre 2024. En hausse de 20 %, le niveau de défaillances est au plus haut, même si la décélération se confirme depuis plusieurs mois. Différents signaux rassurants se dessinent avec le retour d’activités B2C vers du mieux, notamment pour le commerce de détail et les services à la personne, et avec la résistance de la construction dans un contexte économique pourtant si difficile.

« Alors que l’horizon s’éclaircit un peu du côté des ménages, l’incertitude est encore forte du côté des entreprises ne favorisant ni l’investissement ni l’emploi. Par conséquent, si un mur des faillites au-delà de 70 000 reste toujours évidemment exclu, il semble difficile de redescendre sous le plafond actuel dans les prochaines semaines. Le point de vigilance portera, cependant, moins sur le nombre historique attendu des défaillances que sur la fragilité des PME et ETI dont les défauts reportent le risque sur les fournisseurs et l’emploi », analyse Thierry Millon, directeur des études Altares.

Un nombre de défaillances d’entreprises proche des plus hauts sur dix ans
13 429 entreprises sont tombées en défaillance entre le 1er juillet et le 30 septembre 2024, soit une hausse de 20,1 % par rapport à la même période de 2023. La France remonte ainsi à sa sinistralité des étés 2013 à 2015 un peu sous le plafond des 14 000 défauts. Le nombre de sauvegardes augmente peu (+ 4,7 %), restant sous les 300 procédures (291) et concentre toujours à peine plus de 2 % de l’ensemble des procédures (2,2 %).

Les redressements judiciaires (RJ) sont en hausse encore rapide de 34,5 % pour 3 816 jugements prononcés. Ils représentent désormais plus de 28 % des décisions. La hausse des jugements de liquidation judiciaire (LJ) tombe nettement sous les 20 % (+ 15,6 %).

9 322 liquidations directes ont été prononcées, soit un peu plus de 69 % de l’ensemble des procédures, un taux plus conforme au ratio traditionnellement observé.

Le risque s’accélère encore chez les employeurs
86 % des entreprises défaillantes comptent moins de cinq salariés et donnent donc le ton de la tendance globale. Près de 11 600 très petites structures sont entrées en défaillance, un nombre en augmentation de 20 % par rapport au 3e trimestre 2023. Quasiment les trois quarts (73 %) d’entre-elles ont fait l’objet d’une liquidation directe.

Les TPE de six à neuf salariés sont davantage en difficulté. 775 sont tombées en défaillance, c’est 31 % de plus sur un an. L’accélération des défauts est tirée par la procédure de redressement judiciaire qui s’envole de 61 %.

Les PME de moins de cinquante salariés résistent davantage. 970 procédures ont été ouvertes, un nombre en hausse de « seulement » 13 %. Pour cette typologie d’entreprises, la poursuite d’activité est privilégiée ; moins d’une société sur deux (45 %) est directement liquidée.

Au-delà de cinquante salariés, en revanche, la situation reste tendue. 106 PME-ETI sont entrées en défaillance au cours de ce 3e trimestre, c’est 47 % de plus sur un an. Le nombre de sociétés directement liquidées est quasi stable (17). Plus du tiers de ces liquidations ont été prononcées sur résolution d’un plan de redressement non respecté. Sauvegardes et redressement constituent donc l’essentiel (84 %) des décisions judiciaires, favorisant ainsi le maintien de l’activité et de l’emploi.

La question de l’emploi est naturellement plus marquée lorsque les défaillances accélèrent chez les PME-ETI. Au cours de ce 3ème trimestre, près de 52 000 emplois sont menacés ; c’est 13 300 de plus que lors de l’été 2023. 20 000 de ces emplois sont associés à des sociétés placées en liquidation mais près de 32 000 sont portés par des sociétés sous redressement judiciaire ou en sauvegarde et donc susceptibles d’être en partie maintenus.

Les plus jeunes entreprises résistent mieux que les plus anciennes
Les jeunes entreprises, créées à partir de 2022, continuent de mieux résister. 1900 structures âgées de moins de trois ans sont entrées en défaillance, c’est 12,4 % de plus sur un an. En revanche, elles se présentent devant le tribunal généralement insuffisamment solides pour permettre l’ouverture d’une période d’observation. 78 % d’entre-elles sont ainsi immédiatement liquidées.

Au-delà de trois ans, les tendances sont globalement homogènes. La hausse des défaillances est à peine supérieure à 20 %. En revanche, une société âgée bénéficiera plus fréquemment d’un redressement judiciaire ou d’une sauvegarde que les plus jeunes.

Le B2C se redresse progressivement tandis que le B2B est parfois à la peine
Après des mois d’activité atone, les activités à destination du consommateur, notamment le commerce de détail et les services à la personne, pénalisés par une forte inflation retrouvent des clients. En revanche, le B2B est encore à la peine notamment dans les transports ou le commerce de gros. La construction souffre mais ne s’écroule pas.

Du mieux dans le commerce de détail notamment alimentaire
Le nombre de défaillances de boulangeries avait plus que doublé durant l’été 2022 avant de dépasser le cap des 200 procédures un an plus tard. Une très nette décélération est confirmée ce trimestre par une hausse ramenée à « seulement » + 5 % (230).

Le ralentissement s’observe aussi dans la boucherie (+ 4% ; 84 défauts) et dans une moindre mesure dans la poissonnerie (+ 9% ; 24). La situation est même franchement favorable pour les primeurs (- 27 % ; 30). De façon plus générale, l’ensemble du commerce de détail alimentaire s’inscrit dans une amélioration de – 7 % (263).        

La décélération, moins forte, s’opère également dans la restauration. La restauration à table (+ 19 % ; 744) retrouve toutefois désormais des tendances moins atypiques. Le rythme reste plus soutenu dans la restauration rapide (26 % ; 669).

Hors alimentaire le commerce de détail et les services à la personne mieux orientés
Après avoir atteint des records de défaillances en 2023, la coiffure s’inscrit maintenant dans le vert (7 % ; 237). Les soins de beauté également retrouvent enfin le sourire et stabilisent le nombre de défaillances à 117. Ces tendances sont alignées avec celles du commerce de détail de soins de la personne et optique (- 1 % ; 75). Les performances de ce secteur sont portées par la parfumerie (- 12 % ; 22) et l’optique (- 9 % ; 21) tandis qu’à l’inverse l’évolution reste décevante dans la pharmacie (18 ; + 38 %).

Si les clubs de sport restent très bien orientés (- 22 % ; 18), la situation se dégrade fortement dans le commerce de détail d’articles de sport en magasin spécialisé (+ 55 % ; 51). Le commerce de détail d’habillement reste dans le rouge mais lui aussi retrouve des tendances moins douloureuses et fait mieux que la moyenne globale (+ 16 % ; 240). Parmi les autres activités à destination du consommateur, les auto-écoles dérapent de 70 % (56).

De fortes disparités de tendances côté B2B
Si le commerce de détail (+ 11%) retrouve des couleurs, c’est moins le cas pour le commerce interentreprises qui au global accuse une hausse de + 40 % du nombre de défaillances. La sinistralité augmente de 43 % dans les matériaux de construction, 44 % dans les biens domestiques ou même 53 % dans les machines et équipements pour l’industrie.

Dans l’industrie manufacturière, l’augmentation des défaillances ralentit (+ 14 % ; 522). La situation s’améliore dans la métallurgie-mécanique (- 6 % ; 76) ou l’imprimerie (- 38 % ; 31) mais reste compliquée dans les matériaux de construction (+ 22 % ; 45) et bien davantage encore dans le textile-habillement (+ 59 % ; 54).

Dans les activités de services à destination des entreprises, la trajectoire reste difficile pour les activités de conseil (+ 41 % ; 337) ou de sécurité (+ 39 % ; 99) particulièrement celles liées aux systèmes de sécurité plus que la sécurité privée.

Le transport de marchandises n’est pas épargné par les tensions du B2B et affiche une augmentation de 39 % du nombre de défauts (391). Dans les services informatiques, la situation est difficile dans le conseil en systèmes (+ 60 % ; 85).

La construction tente de ne pas s’écrouler
De fortes tensions continuent de peser sur le secteur de la construction, néanmoins la sinistralité ne s’emballe pas. 3 359 défaillances ont été enregistrées au cours de ce 3e trimestre soit « seulement » 26 % de plus qu’il y a un an ; un taux peu éloigné donc de la moyenne globale.

Si l’immobilier présente des tendances encore lourdes, notamment dans la promotion (+ 85 % ; 74) et les agences immobilières (+ 30 % ; 226), le bâtiment offre une plutôt bonne surprise. En effet, le second œuvre descend sous la moyenne globale de 20 % et s’établit à + 16 % (1596) en dépit du mauvais chiffre de l’activité de revêtement des sols et des murs (+ 65 % ; 129). Le gros œuvre est un peu plus à la peine avec une augmentation de 33 % du nombre de défaillances (1019). Dans ce segment de métier, la maçonnerie connaît une augmentation de 36 % (676) tandis que la construction de maisons individuelles limite la hausse à 29 % (222).

Parmi les autres activités, notez la fragilité de l’agriculture (+ 34 % ; 241) et en particulier de la culture (+ 45 % ; 128), notamment de la vigne (+ 81 % ; 38) et plus précisément du vignoble girondin. Le social et médical est également à surveiller. Près de 200 acteurs de la santé humaine et action sociale sont tombés (+ 31 %). Dans le médical sont à relever les défauts de pratique dentaire (+ 33 % ; 16), d’infirmiers (+ 21 % ; 29) ou encore d’ambulanciers (+ 110 % ; 21), une activité dont l’évolution des défaillances est peut-être à mettre en parallèle de celles des taxis (+ 54 % ; 137). Dans le social, les défauts de crèches (24) ont doublé cet été en comparaison de l’été précèdent.

« Nous avions observé un tassement de la hausse des défaillances d’entreprises depuis le mois de mars ; il s’est poursuivi cet été à l’exception d’un mois de juillet qui a été particulièrement sinistré. En moyenne, sur sept mois, l’augmentation est retombée à 15% soit deux fois moins rapide que sur la période d’octobre à février lorsque les Urssaf avaient repris fortement la voie du recouvrement forcé. Certes, le volume est un peu au-dessus des pics atteints durant la crise financière puis celle des dettes souveraines, mais plus que le nombre c’est la taille des entreprises en défaut qu’il faut surveiller. Ce trimestre comme durant l’été 2023, 8% des défaillances concernent des PME-ETI. Une proportion qui reste au plus haut sur dix ans, très au-dessus de celle observée avant Covid (6,4% en moyenne). Les difficultés de ces employeurs font peser un risque fort sur l’économie et l’emploi des territoires », conclut Thierry Millon. 

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