Développement et cybersécurité, les premiers usages en entreprise
Résumé de l’article :
L’étude menée par le think tank Les Enthousiastes et KPMG France cet automne révèle que les services IT adoptent de plus en plus l’IA, avec des cas d’usage variés, notamment l’aide au développement et la cybersécurité. Cependant, la gouvernance et la cartographie des risques suscitent moins d’enthousiasme.
80% des décideurs IT interrogés ont déjà initié des démarches d’acculturation ou de formation de leurs équipes à l’IA. Les métiers de l’IT, en première ligne, utilisent l’IA pour la programmation, la documentation du code, et le test logiciel. La GenAI est également exploitée pour la formation des développeurs et l’amélioration de la qualité des données.
En matière de cybersécurité, 36% des répondants adoptent l’IA pour anticiper les problèmes potentiels et déclencher des actions préventives. Cependant, 41% ne s’y intéressent pas du tout. L’analyse et le contrôle du SI, incluant l’automatisation des processus IT, ne séduisent que 11% des membres de la DSI.
L’IA est perçue comme une source d’augmentation de la productivité et de réduction des effectifs par 90% des répondants. Les outils d’IA les plus plébiscités sont Microsoft Copilot, Open AI, Github Copilot, et les IA d’Atlassian et Servicenow. Les solutions intégrées dans les outils existants, comme celles de Crowdstrike, Palo Alto Networks, et Sentinel One, sont également populaires.
Enfin, les initiatives pour réduire les risques liés à l’utilisation de l’IA se concentrent sur la formation et l’acculturation, avec 80% des répondants, suivies par la charte interne (69%). Les démarches de gouvernance data et de cartographie des risques sont moins fréquentes, avec respectivement 55% et 29% des réponses.
Détail de l’article :
D’après une étude menée cet automne par le think tank Les Enthousiastes et KPMG France, les services IT adoptent de plus en plus l’IA. Avec de nombreux cas d’usage, en tête desquels l’aide au développement et la cyber. En revanche, la gouvernance et la cartographie des risques peinent à soulever l’enthousiasme.
Si le marketing, les RH et les DAF profitent déjà de l’IA, et en particulier de la GenAI, dans leur activité, les métiers de l’IT sont par nature en première ligne. C’est ce que confirme une étude menée conjointement par KPMG France et le think tank Les Enthousiastes, qui réunit des représentants de ces 4 métiers pour explorer les enjeux de l’IA en entreprise. L’étude rapporte les résultats d’une enquête menée du 4 septembre au 24 octobre 2024 auprès de 212 décideurs (directeurs, managers, responsables, etc.) qui ont répondu à un questionnaire défini par des experts des métiers de la finance, de l’IT, du marketing et des RH. Les trois quarts évoluant dans des ETI ou de grands groupes, dont BPCE, Orange, LVMH Recherche, L’Oréal, Veolia, Carrefour, Michelin, etc.
L’aide au développement et la cyber
Un quart des répondants, soit une cinquantaine de personnes, travaille dans l’IT ou le digital. Sans surprise, ils plébiscitent, pour la plupart, l’utilisation de l’IA dans leur métier. 80% ont par exemple déjà entamé des démarches d’acculturation ou de formation de leurs équipes. Par ailleurs, si le questionnaire a couvert 22 cas d’usage de l’IA dans l’IT, certains se détachent clairement. Les auteurs de l’étude affirment ainsi que l’assistance au développement par la GenAI, à la fois pour la programmation et la documentation du code, est d’ores et déjà l’usage le plus répandu.
39% des répondants déclarent plus généralement tester ou avoir déployé de l’IA pour l’assistance à la programmation, et un peu moins d’un quart s’en servent pour le test logiciel. La GenAI serait également exploitée pour la formation des développeurs, avec la perspective d’un code entre autres plus frugal. Pour KPMG et Les Enthousiastes, ces démarches sont également cohérentes avec celles qui consistent, pour 41% de responsables IT ou digital, à contrôler et à améliorer la qualité de leurs données.
En matière d’IA, les décideurs IT sont plus nombreux à s’engager dans l’acculturation et la rédaction d’une charte que dans la mise en place d’une gouvernance data ou d’une cartographie des risques. (Source : KPMG France / Les Enthousiastes)
Autre cas d’usage de l’IA apprécié des répondants, la cyber, avec 36% de répondants au moins en passe de l’adopter. Un constat à nuancer, puisque 41% ne s’y intéressent pas du tout. L’IA dans la cyber permet de passer d’une démarche en réaction, à une démarche proactive, voire prédictive. « En analysant d’énormes volumes de logs et d’alertes, en identifiant des schémas récurrents, ces outils peuvent anticiper les problèmes potentiels et déclencher des actions préventives avant même que les incidents ne se produisent », précisent les auteurs de l’étude. Les LLM aident à l’identification rapide de solutions lors de la survenue d’un problème cyber, quand le NLP, lui, s’attèle à la génération des rapports d’incidents. Contrairement à la cyber et à l’aide au développement, l’analyse et le contrôle du SI, dont on imagine qu’ils englobent l’automatisation et la rationalisation des processus IT, ne séduit que 11% des membres de la DSI, et n’est même pas envisagée du tout par 60% d’entre eux.
Réduire les coûts et les effectifs
Pour neuf répondants sur dix, l’IA est vue comme une source potentielle d’augmentation de la productivité et, pour 71% d’entre eux, comme une opportunité de réduction des effectifs. Comme toujours, il s’agirait de permettre aux équipes de se délester de tâches sans valeur ajoutée pour « se concentrer sur des tâches plus stratégiques et créatives, maximisant ainsi leur impact et leur satisfaction au travail ». 71% des répondants se disent aussi motivés par l’innovation.
En ce qui concerne les outils d’IA, deux tiers des répondants plébiscitent Microsoft Copilot, juste devant les solutions d’Open AI (65%). Github Copilot, les IA d’Atlassian (40%) et de Servicenow (30%) suivent immédiatement au classement avec des solutions directement destinées à l’IT pour ces deux derniers. Comme le note l’étude, outre les pures solutions de GenAI en l’occurrence, les équipes IT se tournent aussi tout simplement vers les outils intégrés dans les solutions probablement déjà en place dans leurs entreprises, comme les solutions de gestion des événements de Crowdstrike, de Palo Alto Networks, ou encore de Sentinel One. Elles auraient ainsi séduit, par leurs composantes IA, un peu plus de la moitié des répondants. À ces derniers, qui auraient déployé au moins une de ces solutions, s’ajoutent 10% qui envisageraient de le faire. Les environnements de cloud sont aussi du classement. Outre Microsoft Azure, largement en tête avec 75% des suffrages, AWS recueille 25% devant un petit 14% pour GCP.
L’acculturation, en attendant la gouvernance
Enfin, la répartition des réponses à la question « Quelles initiatives avez-vous mises en place afin de réduire les risques liés à l’utilisation de l’IA ? » a de quoi surprendre. La formation et l’acculturation arrivent en tête, avec 80% de répondants, devant la charte interne pour 69%. Les démarches de fond, certes plus ardues, comme la mise en place d’une gouvernance data, la vérification de la fiabilité des solutions d’IA choisies, voire la cartographie des risques, ne rassemblent respectivement que 55%, 43% et 29% des réponses. Difficile de savoir s’il faut attribuer cette situation à la relative nouveauté des projets, ou à la volonté d’avancer sur des PoC et de premiers déploiements, tout en laissant la cartographie des risques ou la gouvernance data pour une seconde étape.
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